Domaine de la Grande Île

Brigitta et Max Knecht font partie des membres fondateurs du Radis. Je parle avec Max pendant que Brigitta travaille à l’extérieur, par une journée bien ensoleillée qui donne au paysage toute sa splendeur. Ils fournissent le Radis en pommes de terre, carottes et farines. Ils sont issus tous les deux de familles qui étaient dans le domaine agricole, ce qui n’a pas empêché que Brigitte fasse des études de courtepointière et Max soit un temps dans l’électricité, avant leur reconversion. Il a un CFC en agriculture, a suivi deux cours de chef d’entreprise et a fait sa troisième année en maîtrise fédérale agricole.

En 1984 ils commencent une exploitation indépendante de porcs, qui durera onze ans. Après, se seront des vaches mères à Leysin, encore une vingtaine d’années. Mais ils avaient depuis toujours le rêve d’un grand domaine agricole, qui finalement a pu avoir lieu : Le Domaine de la Grande Île, à Vouvry. Curieuse de savoir ce qui les anime, Max partage sa vision sur le marché des produits agroalimentaires, des problématique liées aux grands distributeurs et de leur manque d’éthique. L’argent là-dedans est un vaste sujet ! Pour lui, il est important de prendre soin de la qualité de ce que nous mangeons, mais pas seulement : il est autant important de prendre soin du bienêtre de la terre.

Avec lui j’apprends des noms que je ne connaissais pas. Certes, j’avais entendu parler des blés anciens, mais l’engrain et l’amidonnier se détachent du lot et se différencient du blé moderne. J’apprends aussi que le tripanem à farine comestible est proche du seigle, et comment ce dernier est difficile à cultiver s’il n’est pas dans une zone sèche. Puis il me parle encore de l’épeautre, du sélectionneur Peter Kunz (qui a son entreprise chez Sativa), de cinq différentes céréales à moudre, plus des fois la farine de malt. Il m’apprend aussi qu’un agriculteur est toujours en train d’effectuer des recherches, d’investiguer.

Quand il parle du Radis, il souligne à quel point ces structures basées sur le bénévolat sont fragiles. Trop souvent le poids est porté sur un nombre réduit d’épaules. Il pose sur la table un calendrier saisonnier des fruits et légumes suisses, ce qui amène la question du choix à faire en tant que consommateurs: souhaite-t-on des produits tout le temps et de partout ? ou on se met en lien avec les produits de proximité, saisonniers ?
Cette année la météo ayant été particulièrement difficile pour les pommes de terre, surtout les bios, d’après lui, il n’y en aura pas pour toute la saison. Il faudra se tourner vers plus de pain, de pâtes, bref d’autres féculents.

Son message pour les coopérateurs est qu’ils s’impliquent à trouver des petits fournisseurs de la région. Il est conscient que cela demande plus de travail, que c’est plus simple de s’adresser à un grand distributeur et de coacher sur une liste les produits qu’on souhaite recevoir, certes, c’est plus facile. Mais à travers lui apparaît tout un monde : celui qui ne fait que des asperges, celui qui fait du rampon, etc. Il a a vu des petits être achetés par les grandes chaînes, et là ça devient toute une autre histoire, l’éthique glisse vers les chiffres rouges…

Max invite donc les membres de la coopérative à chercher ces petits producteurs et à prendre soin pas seulement de l’alimentation, de la terre, mais aussi du fonctionnement de la coopérative. Ana Maria

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