Rizière du Vully

La chose demande un peu d’imagination, tant elle est peu familière des paysages agricoles de ce pays : les rizières se multiplient depuis quelques années en Suisse. Elles permettent non seulement de satisfaire une demande qui ne faiblit pas, mais elles ont la vertu d’user de manière douce et efficace à la fois des zones inondables de nos plaines, tout en favorisant la prospérité des multiples espèces animales – oiseaux en voie d’extinction, batraciens, couleuvres diverses…- qui y trouvent refuge.

Une quinzaine de zones humides vouées à la culture du riz existent en Suisse : le Tessin, le Valais, les cantons de Berne et d’Argovie ont maintenant leurs rizières.

Elles sont soutenues et monitorées par Agroscope un programme environnemental de la Confédération, qui voit dans la culture du riz un moyen d’améliorer les sols et de protéger la biodiversité. La rizière qui nous intéresse ici, parce que deux de ses produits se trouvent au Radis – un risotto et un riz au jasmin vendus en vrac – s’étend sur la rive fribourgeoise du Lac de Neuchâtel. Elle est l’œuvre des frères Léandre et Maxime Guillod qui, fils de maraîchers, décident de se lancer après avoir bénéficié d’une technique nouvelle – et indispensable pour la culture du riz- de nivelage de leurs sols.

Parfaits néophytes devant les techniques de l’inondation des cultures lorsqu’ils débutent en 2019, mais décidés à faire preuve d’une rigueur toute japonaise, ils maîtrisent bientôt l’ensemble du processus de la production rizicole, de l’inondation au séchage, en passant par le désherbage, toujours manuel, jusqu’à l’emballage, réalisé durant l’hiver en fonction de la demande afin d’assurer une fraîcheur optimale. Forte d’une trentaine de tonnes, leur production propose aujourd’hui cinq espèces de riz propres à couvrir tous les goûts et tous les usages culinaires. Les gastronomes adeptes de produits locaux, indemnes de pesticides – et sans gluten !- ne sont pas seuls à s’en réjouir.

Le vanneau huppé, un volatile menacé d’extinction doté d’un bouquet de plumes aux allures d’antennes sur sa tête, est de retour dans le Vully. Et dans les rizières, rainettes et crapauds batifolent. On s’étonnerait presque de ne pas y voir un buffle. Antoine

https://www.rizduvully.ch/

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